Mon copain et moi-même avons une sexualité normale mais pas monotone pour autant. Nous avons testé le kinbaku, que nous allons vous présenter dans cet article. Il s’agit d’un art japonais qui a pour but de s’attacher et se suspendre avec des cordes. A première vue, cela ne nous excitait pas trop au premier abord. Nous avons vite changé d’avis.
L’apprentissage des nœuds
Nous sommes plusieurs couples à débarquer dans la cave d’un club SM. Patrick, un membre expérimenté, attache la cheville de Laura à une échelle en bois fixée contre un mur. Laura se retrouve sur le dos, les yeux vers le ciel, désormais attachée aux cordes. Pour elle, c’est son nirvana. Nous sourions, quelque peu gênés, comme le reste des couples qui s’initient au shibari/kinbaku. En somme, le concept est très simple : il s’agit d’attacher son compagnon/ compagne au sol avec une ou plusieurs superbes cordes d’escalade de chez decathlon. Un vrai kiff.
Mon copain commence désormais son oeuvre. Il porte son attention sur mes chevilles. Il galère à réaliser correctement le nœud de départ pour que je ne puisse plus bouger. Les cordes sont en matière chanvre et mesurent 8 mètres de long. A l’origine, le shibari était une torture réalisée sur les prisonniers Japonais. Un nœud trop serré consistait en une mort certaine. Par la suite, on en a fait un art martial pour ensuite l’amener dans le domaine de l’érotisme. J’observe mes voisins. Ils sont tous focalisés sur la technique. Je vois un homme d’une quarantaine d’années murmurer quelques mots à l’oreille de sa femme, qui hoche la tête. Une jeune fille brune guide son copain blond, qui a du mal également à confectionner le noeud. C’est rigolo, tout le monde galère, avant de (peut-être) prendre son pied.
La force du Kinbaku
Des crochets sont disposés au plafond avec des sangles pendues ainsi qu’un mousqueton. Emilie vient nous aider. Je me laisse faire. Elle coince d’abord mes bras dans mon dos en serrant au maximum les cordes. Je suis désormais incapable d’amorcer le moindre mouvement. Je suis perturbée par ce que je vois devant moi : je vois une fille en train de suspendre son copain. Il se retrouve ainsi en caleçons, les yeux bandés, et est en train de sévèrement grimacer. Il s’agirait du rope space, une extase particulière. Tandis que de l’autre côté, un jeune homme est en train de “coincer” sa copine à terre. Cette dernière se débat en rigolant. Il lui attache ensuite les poignets pour l’attacher à un poteau. Elle rit de plus belle. J’esquisse un petit sourire. Ils semblent s’amuser.
Encordons- nous !
Petit à petit, on se met à oublier les personnes alentours. Une fille se met à pleurer sur les genoux de son presque copain. Visiblement, un couple s’est formé grâce aux cordes. Ils se sont rapprochés l’un de l’autre sans pour autant avoir discuté plusieurs heures durant. La magie des cordes… Revenons à nos moutons. Je consulte un livre et choisit un type d’encordage qui m’intéresse. Damien, mon chéri, m’attache. Les nœuds sont lâches. Il doit serrer davantage.
Puis je m’oblige à fermer les yeux pour avoir davantage de sensations. Je frissonne. Je me tends et me détends à la fois. Mon corps ploie sous les cordes, puis je n’entends plus rien. Je reste dans cette position, prostrée, les jambes pliées, durant une dizaine de minute. Puis, vient le moment où Damien me libère de mes “chaînes”. Je peux ouvrir les yeux. C’est comme si j’avais été voir un film au cinéma et que la lumière m’éblouissait. Il n’y a désormais plus que les habitués qui sont encore sur place. Ça fait maintenant six heures qu’on est sur place, et le temps a filé à une vitesse folle. Avant de partir, Patrick vend des cordes artisanales. On lui en achète deux pour s’exercer prochainement…